Les antalgiques

L’action antalgique se définit par tout procédé ayant pour principe d’activité la diminution de la douleur.


1- Rappels sur la douleur

Selon l’ISAP (Association internationale pour l’étude de la douleur), la douleur est définie par une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable en réponse à une atteinte tissulaire réelle ou potentielle ou décrite en ces termes.  La douleur repose sur le ressenti du patient ce qui rend son évaluation subjective.

Il existe deux types de douleurs :

  • Les douleurs aiguës : liées à une atteinte tissulaire brutale et de durée brève
  • Les douleurs chroniques : elles sont persistantes et récurrentes et évoluent depuis plus de 3 mois et qui ont une répercussion sur la vie quotidienne du malade.

2- Définition des antalgiques

Les antalgiques, aussi appelés analgésiques, sont des substances qui visent à lutter contre la douleur.

Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), les antalgiques sont classés en 3 paliers :

  • Palier I : antalgiques périphériques (douleurs légères à moyennes)
  • Palier II : antalgiques centraux faibles (douleurs moyennes à intenses)
  • Palier III : antalgiques centraux forts (douleurs très intenses à rebelles)

3- Palier I : antalgiques non opiacés

a- Le paracétamol (Efferalgan®, Dafalgan®, Doliprane®, Perfalgan®,…)
  • Propriétés analgésiques et antipyrétiques
  • Prise toutes les 6 à 8 heures.
  • Pic d’action entre 30 minutes et 2 heures.
  • Contre-indications : insuffisance hépatique ou allergie connue.
  • Effets indésirables : hépatotoxicité si surdosage, rares allergies.
  • Voies : per os, IV, intrarectale.
  • Antidote : N-Acétylcystéine (Fluimucil®, Hidonac®...)
b-Salicylés : aspirine (Aspégic®, Aspirine®…)
  • Propriétés analgésiques, antipyrétiques, anti-inflammatoires à fortes doses, antiagrégant plaquettaire.
  • Prise toutes les 6 à 8 heures.
  • Pic d’action entre 20 minutes et 4 heures.
  • Contre-indications : allergie connue, risque hémorragique, ulcère gastrique, grossesse au-delà de 6 mois.
  • Effets indésirables : allergies, troubles digestifs, hémorragie.
  • Voies : per os, IV.  
c- Anti-inflammatoires non stéroïdiens (Ibuprofène : Advil®, Nureflex®, Nurofen® / Ketoprofène : Profénid® / Diclofénac : Voltarene®…)
  • Propriétés analgésiques, antipyrétiques, anti-inflammatoire à fortes doses.
  • Prise toutes les 6 à 8 heures.
  • Pic d’action entre 30 minutes et 2 heures.
  • Contre-indications : allergie connue, ulcère gastroduodénal, insuffisance hépatique ou rénale sévère, grossesse.
  • Effets indésirables : allergie, troubles digestifs, vertiges, céphalées.
  • Voies : per os, IV, IM, intra-rectal, transcutanée.

4- Palier II : antalgiques opioïdes faibles (centraux faibles)

a- Codéine / Codéine + paracétamol (Codenfan®, Codoliprane®, Dalfalgan Codéiné®, Efferalgan Codéiné®…)
  • Propriété antalgique.
  • Prise toutes les 6 à 8 heures.
  • Pic d’action entre 30 minutes et 2 heures.
  • Contre-indications : allergie connue, asthme, insuffisances respiratoire et hépatique sévères,  allaitement, enfants de moins de 12 ans.
  • Effets secondaires : constipation, somnolence, nausées, vomissements, vertiges, allergie, bronchospasmes, douleurs abdominales, risque de dépendance et de syndrome de sevrage.
  • Voie : per os.
b- Tramadol / Tramadol + paracétamol (Contramal®, Topalgic®, Ixprim®…)
  • Propriété antalgique.
  • Prise toutes les 4 à 6 heures.
  • Contre-indication : intolérance aux opiacés, insuffisance respiratoire et hépatique grave, épilepsie, enfant de moins de 15 ans, allaitement, grossesse.
  • Effets secondaires : nausées, vomissements, vertiges, constipation, sueurs, céphalées, somnolence, douleurs abdominales, diarrhée, palpitation, hypotension orthostatique, allergie, dépendance, syndrome de sevrage, dépression respiratoire.
  • Voies : per os, IV
c- Opium + paracétamol / opium + paracétamol + caféine (Lamaline®, Izalgy®…)
  • Propriétés antalgiques et antipyrétiques.
  • Prise toutes les 4 à 8 heures.
  • Contre-indications : insuffisance hépatique grave, enfant de moins de 15 ans, grossesse, allaitement.
  • Effets secondaires : constipation , palpitations, insomnie, allergie, somnolence, dépendance, épistaxis.
  • Voies : per os, intrarectale.

5- Palier III : antalgiques opioïdes

Ils se prescrivent sur une ordonnance sécurisée.

a- Morphine (Actiskénan®, Morphine®, Moscontin LP®, Skenan LP®, Oramorph®…)
  • Propriété analgésique majeure.
  • Prise entre 1 et 12h selon la substance choisie.
  • Prise d’action entre 45 minutes et 1 heure (plus rapide pour la morphine IV titrée).
  • Contre-indications : allergie, insuffisance respiratoire, traumatisme  crânien, convulsions, insuffisance hépatique sévère, alcoolisme aigu, delirium tremens, allaitement, grossesse sauf nécessité absolue, toxicomanie.
  • Effets secondaires : dépression respiratoire, apnée, constipation, nausées, vomissements, rétention urinaire, bradycardie, hypotension, somnolence, confusion, vertiges, hallucinations.
  • Voies : IV, SC, per os, péridurale.
  • Antidote : Naloxone (Narcan®)
b- Fentanyl (Durogésic®, Effentora®, Actiq®, Abstral®, Instanyl®…)
  • Propriété antalgique supérieure à la morphine.
  • Prise : pour la forme transdermique, 1patch / 72 heures.
  • Pic d’action entre 24 et 72 heures.
  • Contre-indications : perturbation du système nerveux central, allergie, insuffisance respiratoire sévère, douleurs post-opératoire.
  • Effets secondaires : somnolence, nausées, vomissements, constipation, sueurs, démangeaisons, confusion, excitation, difficultés à uriner, troubles du rythme cardiaque, dépression respiratoire, dépendance, vertiges.
  • Voie : transdermique, per os, inhalation, IV
  • Antidote : Naloxone (Narcan®)
c- Oxycodone (Oxycontin LP®, Oxynorm®, Oxynormoro®…)
  • Propriété antalgique égale à la morphine.
  • Prise toutes les 4 à 6 heures ou 12 heures pour LP.
  • Pic d’action entre 1 et 4 heures.
  • Contre-indications : insuffisance hépatique et rénale sévère, asthme, cœur pulmonaire, occlusion intestinale, enfants de moins de 18 ans, allaitement.
  • Effets secondaires : constipation, somnolence, confusions, vertiges, céphalées, allergie, nausées, vomissements, anxiété, dépression, hallucinations, cauchemars, tremblements, douleurs abdominales, diarrhée, troubles érectiles et baisse de la libido, difficultés à uriner, hypotension orthostatique, dépendance, syndrome de sevrage.
  • Voie : per os, IV
  • Antidote : Naloxone (Narcan®)
d- Buprénorphine (Temgésic®…)
  • Propriété analgésique d’action plus longue que la morphine, utilisé chez les toxicomanes pour supprimer le syndrome de manque.
  • Prise une fois par jour.
  • Contre-indications : insuffisance hépatique et respiratoire grave, état d’ivresse aiguë, enfant de moins de 15 ans.
  • Effets secondaires : constipation, nausées, vomissements, céphalées, fatigue, somnolence, insomnie, malaise, vertiges, sueurs, hypotension orthostatique.
  • Voie : per os
  • Antidote : Naloxone (Narcan®)

Cette liste est non exhaustive. D’autres antalgiques existent, tels que le Sufentanyl par exemple…


6- Les inclassables

  • Nalbuphine (Nubain®)
    • Propriété analgésique d’action identique à la morphine.
    • Prise à adapter en fonction des patients.
    • Contre-indications : douleurs abdominales d’origine inconnues, traumatisme crânien, insuffisance respiratoire, hépatique ou rénale, traitement par codéine ou morphine, allaitement, allergie.
    • Effets secondaires : somnolence, vertiges, nausées, vomissements, bouche sèche, céphalées, sueurs, dépendance.
    • Voies : IM, IV, SC, Intra rectale.

  • Néfopam (Acupan®)
    • Propriété analgésique
    • Prise toutes les 4 à 6 heures
    • Pic d’action entre 10 et 30 minutes
    • Contre-indications : allergie, antécédents de convulsions, glaucome, adénome de la prostate, enfants de moins de 15 ans, insuffisances hépatique et rénale sévère
    • Effets indésirables : sueurs, somnolence, nausées et vomissements, palpitations, vertiges, rétention urinaire, hallucinations, convulsions, allergies
    • Voies : IV, per os

  • Mélange Equimolaire d’Oxygène et de Protoxyde d’Azote (Entonox®, Kalinox®..)
    • Analgésique de courte durée par voie respiratoire.
    • Prise au maximum pendant 60 minutes.
    • Pic d’action au bout de 3 minutes.
    • Contre-indications : hypertension intracrânienne, altération de la conscience, traumatisme crânien, pneumothorax, emphysème, embolie gazeuse, déficits en vitamine B12 et en acide folique non traités, anomalie neurologique d’apparition récente et inexpliquée, nécessité de ventilation pure, distension gazeuse abdominale, patient ayant reçu un gaz ophtalmique depuis moins de 3 mois, bébé de moins d’un mois.   
    • Effets indésirables : troubles intestinaux, nausées, vomissements, troubles du système nerveux central (paresthésie, sédation excessive, modification des perceptions ), agitation, angoisse, euphorie.
    • Voie : inhalation
    • Antidote : oxygène.

  • Lidocaïne + Prilocaïne (EMLA®…)
    • Action anesthésique locale de la peau ou des muqueuses.
    • La prise dépend de la zone à anesthésier et de l’âge du patient. En règle générale, le temps de contact doit être de minimum 1heure 30 min ; Pour les peaux noires, le temps de contact doit être multiplié par deux.
    • L’effet persiste entre 1 et 2 heures après le retrait du patch
    • Contre-indications : antécédent d’allergie, porphyrie,
    • Effets indésirables : rougeurs ou pâleur locale, démangeaisons, sensation de brûlure, réaction allergique locale, bleuissement des lèvres et des ongles chez le nourrisson.
    • Voie : cutanée
    • Conseil : retirer le patch au moins 15 minutes avant le soin technique. En effet, une vasoconstriction est créée par le principe actif, et les veines peuvent être beaucoup moins visibles.

  • Solution sucrée (G30%, Sirop de sucre de canne + eau…)
    • Chez les prématurés et chez les nourrissons, jusqu’à 3 à 6 mois environ, il est possible d’utiliser une solution de saccharose par voie orale. La concentration doit être de minimum 20% afin d’être efficace. A donner minimum 2 minutes avant la réalisation d’un soin engendrant une douleur faible à modérée. Associée à la succion, l’effet antalgique est majoré.

  • Certains antidépresseurs et antiépileptiques peuvent avoir une action antalgique. Il n’est pas rare de les voir prescrits.


SOURCES