LES PANSEMENTS COMPLEXES

1- DEFINITION

Selon la séance plénière Vulnus “les plaies complexes en questions”, d’après les communications des docteurs Julie LANO (Montpellier), Anne DOMPMARTIN (Caen) et Jean-Charles KERIHUEL (Paris) ; on considère qu’une plaie est complexe lorsqu’elle nécessite un geste chirurgical d’excision majeur, qu’elle met en échec une prise en charge antérieure, nécessite une technologie sophistiquée ou multidisciplinaire ou encore une plaie ayant un impact économique important.

La plaie évolue généralement en trois phases, la détersion (nécrose, fibrine), le bourgeonnement et d’épidermisation.

 

2- LES ALGINATES

a- composition

Les alginates sont des polysaccharides composés de deux monomères, acide mannuronique et acide guluronique, extraits d’algues brunes. Le composé est un alginate de calcium ou de sodium. Certains alginates peuvent contenir de la carboxyméthylcellulose (CMC).

b- propriétés

Les alginates ont une bonne capacité d’absorption et de gélification au contact des exsudats. Ainsi ils permettent une hémostase, une absorption entre 10 et 15 fois leur poids, une accélération de la vitesse de cicatrisation, une détersion de la plaie et un contrôle de la contamination microbienne.

c- Indications & contre-indications

Les alginates sont utilisés pour les plaies aiguës suintantes et/ou hémorragiques (brûlure, plaie post-opératoire, site donneur de greffe…). Ils sont égalements indiqués pour des plaies chroniques (ulcère, escarre) en phase de détersion fibrineuse et en phase de granulation sur des plaies planes, creusées ou fistulisées.

Les alginates sont contre-indiqués sur des plaies peu suintantes ou sèches.

d- Précautions d’Emploi

Il faut veiller à ne pas associer les alginates à des solutions alcalines (incompatibilité physico-chimique). Les alginates ne doivent pas être appliqués sur une nécrose de peu exsudative à sèche.

e- Exemples

Les alginates sont disponibles en compresse ou en mèche. Voici quelques exemples d’alginate : Algisite M (laboratoire SMITH & NEPHEW), Seasorb Soft (laboratoire COLOPLAST), Sorbalgon Plus (laboratoire HARTMANN), Urgosorb (laboratoire URGO)…

 

3- LES FIBRES DE CARBOXYMÉTHYLCELLULOSE (CMC)

Les fibres de carboxyméthylcellulose sont aussi appelées hydrofibres

a- Composition

Les hydrofibres sont composés de carboxyméthylcellulose traitée.

b- Propriétés

Les CMC se transforment en gel au contact des exsudats, sans délitement, en limitant les risques de macérations périphériques car il y a une gélification qui est centrée sur la plaie.

c- Indications et Contre-indications

Les CMC ne présentent pas de propriété hémostatique, mais ils peuvent être utilisés sur des plaies infectées. Avec un pouvoir très absorbant, ils sont utilisés sur des plaies très exsudatives.

Ils sont contre-indiqués sur des plaies peu exsudatives ou hémorragiques.

d- Précautions d’Emploi

Les hydrofibres peuvent être utilisés secs, ou humidifiés avec du sérum physiologique, ce qui facilite la pose de la compresse. Sur les mèches, l’humidification va jouer un rôle de lubrification afin d’être introduite plus facilement dans la cavité.

Le retrait de l’hydrofibre s’effectue aisément à l’aide d’une pince. Le pansement est renouvelé tous les jours en cas de plaie infectée, sinon il peut rester en place plusieurs jours, jusqu’à saturation.

e- Exemple

Dans la gamme, il n’existe qu’une spécialité, il s’agit de l’Aquacel (laboratoire CONVATEC).

4- LES HYDROCELLULAIRES

a- Composition

Les hydrocellulaires sont des pansements qui se composent de polymères absorbants, généralement à base de mousse de polyuréthane. Ils sont enduit d’adhésif qui adhère à la peau saine et non à la plaie.

b- Propriétés

Les hydrocellulaires ont la capacité d’absorber les exsudats tout en maintenant un milieu humide et permettent un échange gazeux mais est imperméable aux bactéries. Le pansement reste intacte au contact des exsudats sans libérer de particules.

c- Indications & contre-indications

Les hydrocellulaires sont indiqués dans les plaies superficielles ou profondes qui sont exsudatives voire très exsudatives, comme les escarres, les ulcères, les brûlures ou des pertes de substances. Ils sont également recommandés en phase de bourgeonnement ou de détersion.

d- Précaution d’Emploi

Les hydrocellulaires ne doivent pas être utilisés avec des agents oxydants tels que l’eau oxygénée (H2O2) ou du Dakin. Il est possible de prendre une douche avec les hydrocellulaires (perméabilité du pansement). Les hydrocellulaires sont utilisables si la peau périphérique n’est pas saine.

e- Exemples

Voici quelques exemples de hydrocellulaires : Allevyn (laboratoire SMITH & NEPHEW), Cellosorb (laboratoire URGO), Biatain (laboratoire COLOPLAST), Mepilex (laboratoire Molnlycke).

 

5- LES HYDROCOLLOIDES

a- Composition

Les hydrocolloïdes sont des pansements qui se constituent de polymères ayant une capacité absorbante, composé de carboxyméthylcellulose sodique (CMC) qui est inséré dans un réseau d’élastomère. Les plaques qui sont adhésives sont généralement recouvertes d’un film de polyuréthane. Il existe des plaques adhésives, de la poudre ou encore des pâtes.

b- Propriétés

La CMC est un composé hydrophile qui, au contact des exsudats, va créer un gel. Ce dernier va permettre d’assurer un milieu chaud et humide, avec un pH favorable à une bonne cicatrisation, qui va respecter l’écosystème micro bactérien de la plaie. Le pansement est hermétique. Les pansements sont généralement transparents, ce qui permet de visualiser la plaie.

c- Indications & contre-indications

Les hydrocolloïdes sont indiqués sur les escarres, les ulcères, les brûlures (inférieure au 3e degré), les dermabrasions, des sites donneurs de greffe ou un moignon d’amputation. Mais également sur une épidermisation, un bourgeonnement, une nécrose fibrineuse ou encore un érythème. Ils sont indiqués également sur les plaies exsudatives et très exsudatives. Pour des plaies peu exsudatives, il faut préférer les hydrocolloïdes fins, et pour les plaies creusées les hydrocolloïdes sous forme de pâte.

Ils sont contre-indiqués, sur des plaies infectées, des mycoses ou encore des brûlures du 3e degré.

d- Précautions d’Emploi

Il ne faut pas utiliser, sur la plaie, d’éosine, d’alcool, de Dakin ou de Bétadine lors de la pose d’un hydrocolloïde. Il faut être également vigilant sur les plaies diabétiques avec l’utilisation de ce pansement.

e- Exemples

Pour les hydrocolloïdes, il y a : Algoplaque (laboratoire URGO), Hydrocoll (laboratoire HARTMANN), Comfeel (laboratoire COLOPLAST)…

 

6- LES HYDROGELS

a- Composition 

Les hydrogels ont une composition, à plus de 50%, d’eau, de CMC ou de l’alginate de sodium; ce sont des polymères entrecroisés. Nous pouvons également retrouver du propylène glycol ou encore de la pectine. Ils sont généralement recouverts d’un film qui est semi-perméable.

b- Propriétés

Les hydrogels sont absorbants mais également hydratants pour la plaie. Ils permettent la détersion et la cicatrisation en milieu humide. Les hydrogels sont classés comme pansement primaire, il faudra donc obligatoirement les recouvrir d’un pansement secondaire.

c- Indications & contre-indications

Les hydrogels sont indiqués dans les plaies de type escarres et ulcères, sur les phases nécrotiques, fibrineuses ou encore en phase de bourgeonnement. Nous pouvons également les utiliser sur des brûlures ou des sites donneur de greffe. Attention, ils sont contre-indiqués sur des peau non lésées, saines.

d- Précautions d’emploi

Les hydrogels ne doivent pas être associés avec un pansement très absorbant, ils seraient alors inutiles (car composés par moitié d’eau). Il est également recommandé de ne pas recouvrir de fistules avec ce type de pansement. Les plaies à suspicion d’infection devront avoir une réfection quotidienne du pansement.

e- Exemples

Pour les hydrogels il y a : Purilon gel (laboratoire COLOPLAST), Urgo hydrogel (laboratoire URGO), Intrasite gel/conf (laboratoire SMITH & NEPHEW), Nu-Gel (laboratoire SYSTAGENIX).

 

7- LES INTERFACES

a- Composition

Les pansements interfaces sont constitués de différents polymères dont la typologie est différente; on peut, par exemple, y retrouver du gel de silicone. Ils sont généralement constitués d’un maillage très fin.

b- Propriétés

Les pansements interfaces sont à différencier des pansements gras ; en effet les interfaces ont une adhérence plus faible, ce qui, lors du retrait, limite le traumatisme et la douleur. Leur constitution en maillage très fin, permet également le drainage des exsudats.

c- Indications & Contre-Indications

Il n’y a pas de contre-indication pour les pansements interfaces. Concernant l’indication est unique : elle permet la protection des plaies superficielles en phase d’épidermisation.

d- Exemples

Pour les pansements interfaces, nous retrouvons, l’Adaptic (laboratoire SYSTAGENIX), l’Urgotul (laboratoire URGO), Hydrotul (laboratoire HARTMANN). 

8- LES PANSEMENTS AU CHARBON ACTIF

a- Composition

Les pansements au charbon actif sont constitués de différents supports, dans lesquels du charbon actif a été ajouté. Ce charbon activé est d’origine naturelle qui a une surface d’absorption très importante.

b- Propriétés

Le charbon absorbe les molécules odorantes mais aussi des bactéries. Les pansements au charbon actif existent sous forme de plaques mais aussi de compresses.

c- Indications et Contre-Indications

Les pansements au charbon actif sont généralement associés à des plaies infectées, surinfectées et donc malodorantes.  Il n’existe pas de contre indication à l’utilisation de ce type de pansement.

d- Précautions d’Emploi

Si la plaie est malodorante mais pas ou peu exsudative, il est recommandé de mettre une interface ou un pansement gras sur la plaie.

e- Exemples 

Pour les pansements au charbon, il existe peu de spécialités, nous avons l’Actisorb Ag+ (laboratoire SYSTAGENIX) et Carbonet (laboratoire SMITH & NEPHEW).

 

9- LES PANSEMENTS A L’ARGENT

a- Composition

Les pansements à l’argent sont généralement composés d’argent pur, mais peuvent être associés à d’autres principes actifs comme le charbon, les alginates, l’acide hyaluronique. L’argent présent dans le pansement est généralement sous des formes physico-chimiques.

b- Propriétés

L’argent possède une activité antibactérienne à large spectre d’action locale.

c- Indications & Contre Indications

Les pansements à l’argent sont indiqués sur des plaies infectées ou à risque infectieux, les plaies malodorantes. Ils peuvent également être utilisés sur des brûlures, des fractures ouvertes ou sur des adénocarcinomes. Comme tout produit à activité antibactérienne, il faut que l’utilisation du pansement soit courte avec d’éviter la résistance des bactéries au produit.

d- Précautions d’emploi

Il faut veiller à humidifier quotidiennement les pansements à l’argent afin de garder leur efficacité, cependant le pansement peut rester en place durant un maximum de 7 jours.

e- Exemples

Les pansements à l’argent qui sont sur le marché sont : Aquacel argent (laboratoire CONVATEC), l’Actisorb + (laboratoire JOHNSON & JOHNSON), Biatain argent (laboratoire COLOPLAST), Urgotull  Argent(URGO). 

 

 

 

10 – LES PANSEMENTS A BASE D’ACIDE HYALURONIQUE

a- Composition

Les pansements à base d’acide hyaluronique sont, comme leur nom l’indique, constitués principalement d’acide hyaluronique et du glycosaminoglycane (qui est un constituant naturel du derme).

b- Propriétés

A l’heure actuelle, l’efficacité de l’acide hyaluronique n’a été démontrée scientifiquement que sur des plaies de type ulcère.

c- Indications & Contre Indications

L’utilisation de l’acide hyaluronique est réservée sur des plaies en phase de bourgeonnement et d’épidermisation.

d- Précautions d’emploi

Utilisés seuls, les pansements à base d’acide hyaluronique peuvent induire une sensation de picotement / brûlure au niveau de la plaie. Le dispositif, compresse, crème, doit être changé quotidiennement. Ils permettent de réduire la taille de la plaie de façon importante.

e- Exemples

Il existe sur le marché deux types de pansements à base d’acide hyaluronique, par le même laboratoire, qui sont Ialuset et Ialuset Hydro (laboratoire GENEVIER).

 

Sources :

Expertise en santé, “Nomenclature Infirmière et Plaies Lourdes et Complexes” [En ligne], le 23 novembre 2017.  http://www.expertisesante.fr/articles/présentation-plaie-complexes

Haute Autorité de Santé, Bon usage des technologies médicales, “les pansements, indication et utilisation recommandées” [En ligne], le 23 novembre 2017. https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2009-01/pansements_synthese_rapport.pdf

Image, “Les phases de la cicatrisation” [En ligne], le 23 novembre 2017. https://devsante.org/content/articles/201501290012-prise-en-soin-des-plaies-dans-le-contexte-togolais/image001-4.jpg

 

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L’Acte Transfusionnel

1- Définition

Selon l’Etablissement Français du Sang, « la transfusion est un acte thérapeutique complexe qui consiste à apporter à un patient, appelé receveur, les éléments du sang par perfusion intraveineuse qui lui font provisoirement défaut ».

C’est un acte qui peut être réalisé uniquement par un professionnel de santé habilité, c’est-à-dire un  médecin, un Infirmier Diplômé d’Etat ou une sage-femme à condition qu’un médecin soit disponible lors de l’acte en cas de problème éventuel.

2- Pourquoi transfuser ?

Il existe trois types d’éléments du sang utilisables pour les transfusions sanguines qu’on appelle Produits Sanguins Labiles :

  • Les concentrés de globules rouges
  • Les concentrés plaquettaires
  • Le plasma

Chacun de ces produits nécessite des conditions particulières qui mènent à la décision de transfuser.

a- Les Concentrés de Globules Rouges ou CGR

Le médecin choisit d’effectuer une transfusion de concentrés de globules rouges lorsque son patient est anémié, ce qui signifie que son taux d’hémoglobine est à 7 g/dL chez un patient sans antécédent particulier ou à 10 g/dL en cas de patient avec une pathologie cardiaque (les normes étant de 12 à 16 g/dL chez la femme, et de 13 à 18 g/dL chez l’homme).

Cette anémie peut être relative à plusieurs facteurs : une hémorragie, une hémopathie ou un traitement particulier (exemple : les chimiothérapies aplasiantes).

 

b- Les Concentrés Plaquettaires

Concernant ces derniers, le médecin prendra la décision de transfuser en cas de thrombopénie ou de thrombopathie, soit un taux de plaquettes en dessous de 100 000/mm3, la norme étant entre 150 000 et 400 000/mm3. 

c- Le Plasma

Le plasma est aujourd’hui plus rarement utilisé, il est indiqué notamment dans les troubles graves de la coagulation.

 

3- L’Acte Transfusionnel

a- Préalable à la transfusion

Il est nécessaire de constituer le dossier transfusionnel du patient avant de pouvoir commencer le soin en lui-même. Ce dossier est en général une pochette comprenant l’identité du patient, l’ordonnance de PSL, les cartes de contrôle ultime, la carte de groupe sanguin, les résultats de Recherche d’Anticorps Irréguliers (datant de moins de 72h pour chaque transfusion), la traçabilité des éventuelles précédentes transfusions (date, heure, opérateur, numéro de poche). Le consentement éclairé du patient est également nécessaire lors d’une transfusion, le médecin se rend alors auprès du patient et lui explique pourquoi il est nécessaire d’envisager une transfusion et quels sont les bénéfices ainsi que les risques découlant de ce soin.

Le médecin commence par rédiger l’ordonnance de PSL où il est nécessaire de préciser les informations suivantes :

  • date de la demande de PSL sur l’ordonnance
  • identification lisible du médecin avec son nom et sa signature
  • identification de l’établissement de soins et du service avec le numéro de téléphone
  • identification du patient (nom marital, nom de naissance, prénom, date de naissance, sexe)
  • le type et la quantité de produits sanguins labiles à commander (CGR, concentrés de plaquettes ou plasma)
  • pour une commande de plasma, il est nécessaire de noter l’indication de cette demande
  • pour une commande de plaquettes, il faut notifier le poids et la numération plaquettaire du patient

Il est également nécessaire de notifier le degré d’urgence de cette demande, il en existe quatre qui sont les suivants :

  • Urgence vitale immédiate : les produits sanguins labiles (PSL) sont délivrés sans délai.
  • Urgence vitale : les PSL seront disponibles dans un délai inférieur à 30 min.
  • Urgence relative : le temps de disponibilité des PSL est le plus souvent de 2 à 3 heures.
  • Non urgent : les PSL seront disponibles dans les 5 à 6 heures.

Accompagnant cette demande, il est nécessaire d’avoir la carte de groupe sanguin du patient et la Recherche d’Anticorps Irréguliers (RAI) datant de moins de 72h.  Si ceux c-i ne sont pas disponibles, l’IDE réalise alors les prélèvements sanguins nécessaires avec deux déterminations pour la carte de groupe sanguin ainsi qu’une RAI l’accompagnant.

a.1 – La Carte de Groupe Sanguin

Cette carte permettra de déterminer le groupe sanguin de la personne via trois systèmes : le système ABO, le système rhésus et le système Kell. Il existe 4 groupes différents dans le système ABO : 

  • Le groupe A qui est le plus répandu dans la population française (45%)
  • Le groupe O (43%)
  • Le groupe B (9%)
  • Le groupe AB (3%)

La présence ou l’absence d’antigènes sur la surface des globules rouges permet de déterminer le groupe sanguin ABO de la personne : les antigènes A pour le groupe A, les antigènes B pour le groupe B, la présence des antigènes A et B pour le groupe AB et l’absence d’antigène pour le groupe O.

De la même façon que pour le système ABO, le système Rhésus est relié à l’absence ou à la présence d’antigènes D sur la surface des globules rouges, ce qui permettra de compléter le groupe sanguin de la personne avec un rhésus positif ou négatif.

Enfin, le système Kell n’est pas moins important, le principe étant le même, la présence ou l’absence d’antigènes K sur la surface des hématies détermine un Kell + ou -.

Exemple de groupe sanguin trouvé sur une carte :

A+ Phénotype : D+ C+ E+ c- e+ K-

La détermination du groupe sanguin effectué par prélèvement doit se faire impérativement à partir de deux actes de prélèvements différents, si possible par deux préleveurs différents.

a.2 – La recherche d’anticorps irréguliers (RAI)

Cette recherche consiste à détecter les anticorps dirigés contre les antigènes des hématies et ce, dans le but de prévenir d’un choc accident hémolytique transfusionnel. Si le résultat est négatif, cela signifie que la transfusion peut se faire dans des conditions optimales, si la RAI est positive, il faudra alors prévoir des culots dit « phénotypés ».

Une fois les différents documents rassemblés (carte de groupe sanguin, résultats de RAI, dossier transfusionnel et prescription médicale de PSL), la demande va être envoyée à l’Établissement Français du Sang, dépendant de l’hôpital concerné.

b. A la réception des poches 

Une fois la demande traitée et envoyée par l’EFS (selon des conditions rigoureuses permettant de contrôler la température, la durée du transport et l’intégrité du produit), il est important de procéder à plusieurs vérifications avant de pouvoir poser le culot à transfuser :

  • Intégrité de l’emballage dans lequel se situent les culots (emballage extérieur + intégrité des culots eux-mêmes)
  • Vérification du bon service destinataire, du bon produit acheminé (nombre exact + nature du produit) dans les bonnes conditions d’hygiène et de transport
  • Vérification de l’aspect des culots, de leur péremption, comparaison de l’identification de chaque culot (code barre) entre l’étiquette sur ce dernier et la fiche de distribution nominative
  • Identitovigilance effectuée entre la fiche de prescription de PSL et la fiche de distribution nominative

Une fois la réception du ou des culots effectués, la transfusion doit être effectuée dans les 6 heures suivantes.

Le matériel à préparer sur le chariot de soin est alors le suivant :

  • Une boîte OPCT (objets piquants, coupants, tranchants)
  • Une boîte de gants
  • Solution Hydro-alcoolique 
  • Un sac poubelle jaune
  • Une carte de contrôle ultime pré transfusionnel
  • Le dossier transfusionnel
  • La fiche de distribution nominative
  • Les différents culots
  • Une tubulure spécifique avec filtre
  • Des étiquettes appartenant au patient

c. La pose de poche de PSL 

Une fois arrivé dans la chambre du patient, il est important de retranscrire l’état général de ce dernier avant la transfusion. La prise des paramètres vitaux est alors nécessaire (température, tension artérielle, pouls, saturation en oxygène, douleur éventuelle) et elle s’effectuera 5 min après le début de la transfusion, toutes les 15 minutes pendant la première heure, à la moitié de la poche passée, puis à la fin de cette dernière. L’IDE a l’obligation de rester en chambre auprès du patient les 15 premières minutes du soin. Elle peut utiliser ces 15 minutes pour remplir son dossier transfusionnel tout en surveillant l’état clinique du patient.

Il est également important d’avoir un bon abord veineux lors de ce soin, s’assurer du bon retour de la voie veineuse (périphérique ou centrale) et de la nature du soluté mis en attente (éviter les solutés glucosés qui ne sont pas compatibles avec les PSL et ne pas administrer d’autres médicaments lors de la transfusion).

Le contrôle ultime pré-transfusionnel est par la suite effectué au lit du patient, lors de la pose de CGR et ce afin de remplir la carte concernée :

  • Identitovigilance effectuée : déclinaison par le patient de son nom, prénom et de sa date de naissance, contrôle par l’opérateur de l’identité à la fois sur la prescription de PSL, la fiche de distribution nominative, la carte de groupe sanguin et la demande de RAI. Sur la carte de contrôle ultime pré-transfusionnel, le remplissage de l’identité du patient, de l’opérateur, l’identification de la poche et les résultats obtenus sont des données obligatoires à retranscrire.
  • Prélèvement : un prélèvement de sang est effectué par ponction capillaire au niveau du doigt du patient, la goutte de sang étant mise au niveau de la partie « patient » sur la carte de contrôle, la même chose est effectuée sur la partie où il est noté « culot » concernant

    Carte CUPT nouvelle génération

    la poche de CGR. Il est ensuite nécessaire de déposer une goutte de solution saline sur les espaces « anti-A » et « anti-B » de la carte et de faire de même avec une goutte de sang, sans mélanger les différents réactifs. Les résultats sont interprétables après 1 minute de chaloupage et « pour un même réactif (même couleur), toute réaction positive avec le culot à transfuser et négative avec le patient interdit la transfusion ». De nouvelles cartes sont mises en place progressivement dans les centres hospitaliers. Plus d’informations, cliquez ici.

Carte de controle ultime

 

Ce contrôle ultime montre des réactions d’agglutination et en cas de doute, il est alors impératif de joindre le médecin référent.  Si la transfusion est possible, le culot de CGR peut alors être posé au niveau de l’abord veineux, le débit moyen de passage de la poche étant d’environ 1h (à décider en lien avec le médecin).

Calcul du débit de la poche (gouttes/min) = volume de la poche (ml) x 15 (gouttes) / temps de passage de la poche  (minutes)

Les culots ainsi que la carte de contrôle ultime sont à garder 2h après la fin du passage de la poche (peut être différent d’un établissement à l’autre). Une traçabilité écrite est à effectuer après passage des différents culots.

 

4. Complications relatives à la transfusion

Le terme d’hémovigilance est né en France avec la loi du 4 janvier 1993, c’est un terme qui regroupe l’ensemble des surveillances, la prévention et l’évaluation des effets indésirables survenant à la fois chez les donneurs et receveurs de sang. L’hémovigilance concerne l’ensemble de la chaîne transfusionnelle.

Il peut exister plusieurs types de complications relatives à la transfusion, qu’il faut absolument connaître afin d’en informer au plus vite les médecins si apparition des différents symptômes :

  • Hyperthermie, frissons, tremblements, malaises, hypotension, difficultés respiratoires, douleurs apparues, etc.

Le moindre changement vis-à-vis de l’état initial du patient doit être détecté par l’IDE ou le médecin présent et nécessite une pause ou un arrêt de la transfusion.

Lors d’une transfusion, il peut y avoir :

  • Un accident immunologique avec réaction des anticorps du patient avec les anticorps des PSL, ce qui provoque alors un accident hémolytique soit immédiat ou retardé chez le patient.
  • Une réaction allergique : choc anaphylactique, œdème, crise d’asthme, urticaire.
  • Un accident infectieux dû à la présence de bactéries dans le culot transfusé
  • Apparition d’un Œdème Aigu Pulmonaire ou TACO (Transfusion Associated Circulating Overload) qui sont dus à une surcharge de volume au niveau des cavités cardiaques, conduisant à une extravasation dans les capillaires pulmonaires, causant alors l’œdème pulmonaire chez le patient. Cette complication fait partie des plus nombreuses lors de transfusion, c’est pourquoi il est nécessaire d’être vigilant vis-à-vis des signes annonciateurs : polypnée, cyanose, toux avec crachats rosés et mousseux.
  • Apparition de TRALI (Transfusion Related Acute Lung Injury) correspondant à une hypoxémie et un œdème péri lésionnel pulmonaire
  • Apparition de GHV post-transfusionnelle : maladie du greffon contre l’hôte.

La transfusion est donc un soin qui a connu de grandes avancées au cours des dernières années avec une sécurisation importante de la procédure, limitant de ce fait le nombre d’événements indésirables.

 

Sources :

www.toutsurlatransfusion.com

www.ints.fr

www.ansm.sante.fr

Cours IFSI Lionnois Nancy

 

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L’Hygiène des Mains

Acte d’hygiène indispensable avant tous les soins.

1- Définition

Selon le CCLIN (Centre de Coordination de la Lutte contre les Infections Nosocomiales) Paris Nord, « il s’agit d’un traitement des mains par un savon liquide non médicamenteuxou par un produit (savon, gel ou solution) ayant un spectre d’activité antimicrobien ciblé sur les micro-organismes de la flore cutanée afin de prévenir l’infection ».

 

2-La Flore Cutanée

La flore cutanée est très variable en quantité (de 10² à 10⁶/cm²) et en qualité.  Chaque individu est porteur d’une flore résidente qui lui est propre et d’une flore transitoire qui est amenée par l’environnement.

a. La flore résidente ou commensale

La flore résidente ou commensale est formée par des germes peu pathogènes composés de cocci à Gram +, qui sont présents dans les follicules pilo-sébacés. Cette flore a un renouvellement régulier et est différente selon les individus.

Malgré sa faible virulence, un geste médical invasif peut la modifier et alors être à l’origine d’une infection.

 

b. La flore transitoire ou superficielle

La flore transitoire ou superficielle est formée par des bactérie saprophytes qui sont issues de l’environnement, mais peut aussi être composée par des bactéries commensales des patients dans le service de soins.

Elle fait partie d’un écosystème en milieu hospitalier et est à l’origine des bactéries multi-résistantes (BMR). Elle est composée à la fois par des cocci à Gram + mais aussi par des bactéries à Gram – .

 

3. Hygiène des mains

a. Indications

  • Immédiatement avant tout contact direct avec un patient ;
  • Immédiatement avant tout soin propre ou tout acte invasif ;
  • Entre un soin contaminant et un soin propre ou un acte invasif chez un même patient ;
  • Après le dernier contact direct ou soin auprès du patient ;
  • Avant d’enfiler des gants de soins ;
  • Après le contact avec l’environnement du patient ;
  • Après tout contact accidentel avec les liquides biologiques.

b. Pré-requis

  • Avoir les avant-bras découverts ;
  • Avoir les ongles courts : 1 mm ou moins étant associé à une moindre contamination ;
  • Ne porter ni montre, ni bracelet, ni bague ou alliance ;
  • N’avoir ni vernis, ni faux ongles ;

c. Le lavage simple des mains

Le lavage simple des mains est à réaliser en cas de contre-indications aux solutions hydro-alcooliques. Il utilise du savon doux (détergent simple, pour lequel aucune action anti-microbienne n’est revendiquée).

§. Indications

Le lavage simple des mains est indiqué dans les cas suivants :

  • A la prise de service et en le quittant ;
  • Après tout geste de la vie courante (mouchoir, cheveux, sortie des toilettes…) ;
  • Avant et après tout soin d’hygiène et de confort, et soins infirmiers non invasifs.

§. La technique de lavage des mains 

  • Se mouiller les mains et poignets à l’eau froide ou tiède ;
  • Prendre une dose de savon doux ;
  • Se savonner les mains et poignets (minimum 30 secondes) ;
  • Rincer soigneusement en partant du bout des doigts vers les poignets (minimum 15 secondes) ;
  • Sécher par tamponnement les mains et les poignets ;
  • Fermer le robinet avec le dernier papier essuie-mains ;
  • Jeter l’essuie-mains dans la poubelle sans la toucher.

 

Le lavage simple

 

d. Le lavage hygiénique des mains

§. Indications 

Le lavage hygiénique des mains reste cependant indiqué si :

  • Acte ou soin aseptique nécessitant le port de gants stériles de petite intervention ;
  • Soins aux patients en isolement (protecteur ou septique).

§. Technique du lavage hygiénique des mains

  • Se mouiller les mains et poignets à l’eau froide ou tiède ;
  • Prendre une dose de savon antiseptique (Povidone  Iodée « Betadine Scrub » ou chlorhexidine « Hibiscrub ») ;
  • Savonner les mains et poignets (minimum 60 secondes) ;
  • Rincer soigneusement (minimum 30 secondes) ;
  • Sécher par tamponnement les mains et poignets ;
  • Fermer le robinet avec le dernier papier essuie-mains ;
  • Jeter l’essuie-mains dans la poubelle sans la toucher.

 

e. Le lavage chirurgical des mains

§. Indications

  • Acte à haut risque infectieux en service de soins nécessitant une technique chirurgicale ;
  • Pose d’un dispositif invasif ;
  • Acte chirurgical en bloc opératoire, en service de radiologie interventionnelle et d’autres services d’investigations.

§. Technique du lavage chirurgical des mains avec un savon antiseptique

  • Faire couler l’eau ;
  • 1er temps :
    • Se mouiller les mains, poignets et les avant-bras (jusqu’au coude) ;
    • Prendre une dose de savon antiseptique ;
    • Faire mousser des mains jusqu’aux coudes (60 secondes) ;
    • Rincer abondamment.
  • 2ème temps :
    • Prendre une dose de savon antiseptique ;
    • Prendre une brosse stérile à usage unique ;
    • Brosser les ongles (30 secondes par main) ;
    • Rincer abondamment.
  • 3ème temps :
    • Prendre une dose de savon antiseptique ;
    • Savonner mains et avant-bras (60 secondes par main et 30 secondes par avant-bras) ;
    • Rincer abondamment ;
    • Sécher par tamponnement avec un essuie-main stérile.

§. Technique du lavage chirurgical des mains par friction

  • 1er temps : lavage des mains (2 minutes et 30 secondes) :
    • Faire couler l’eau ;
    • Se mouiller les mains, les avant-bras jusqu’au coude ;
    • Déposer une dose de savon doux ;
    • Savonner soigneusement mains et avant-bras pendant au moins 15 secondes par mains ;
    • Brosser les ongles (15 secondes par chaque main, 1 fois dans la journée seulement) ;
    • Rincer de façon dynamique et abondamment sous l’eau courant pendant 60 secondes ;
    • Sécher par tamponnement à l’aide d’essuie-mains à usage unique non stérile.
  • 2ème temps : désinfection par friction (deux fois 90 secondes) ;
    • 1ère friction :
      • Déposer une dose minimum de 6 ml de solution hydro-alcoolique dans le creux de la main ;
      • Frictionner les mains et les avant-bras en incluant les coudes (90 secondes).
    • 2ème friction :
      • Déposer une dose minimum de 6 ml de solution hydro-alcoolique dans le creux de la main ;
      • Frictionner les mains et les avant-bras en excluant les coudes (90 secondes).

 

f. La Friction Hydroalcoolique

§. Indications

La friction hydro-alcoolique est indiquée pour tout acte ou soin ne nécessitant pas une désinfection chirurgicale des mains et en l’absence de contre-indication à l’utilisation des solutions hydro-alcooliques qui sont : les mains mouillées, souillées, poudrées, lésées ou en cas de contact avec des liquides biologiques.

 

§. La technique !

  • Utiliser pur, 3 ml de solution ;
  • L’étaler largement par friction ;
  • Pendant 30 secondes minimum ;
  • Jusqu’à évaporation spontanée du produit ;
  • Ne pas rincer.

La friction est réalisée en 7 points, comme pour le lavage des mains, et renouvelée autant de fois que possible dans la durée impartie.

 

4. Efficacité en fonction du type de lavage de mains

 

5. Cas Particuliers

  • En cas d’infection à Clostridium Difficile ou au sarcopte de la gale, les solutions hydro-alcooliques ne sont pas efficaces. Il est donc recommandé de faire un lavage simple des mains suivi d’une friction hydro-alcoolique ou alors un lavage hygiénique des mains pour éliminer les spores du Clostridium difficile et le sarcopte de la gale.
  • La validité d’un flacon de solution hydro-alcoolique est de 3 mois après ouverture, sans dépasser la date de péremption du produit.
  • On peut utiliser la solution hydro-alcoolique jusqu’à ressentir un inconfort des mains, il est alors recommandé de faire un lavage simple des mains.

 

 

Sources : 

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